Feuilleton " ROUGE OCEAN " Marie-Pierre Nadal

Publié le par Evy

Feuilleton " ROUGE OCEAN "  Marie-Pierre Nadal
ATTENTION LA SCÈNE RISQUE DE CHOQUER LES AMES SENSIBLES
ROUGE OCÉAN – Marie-P. NADAL
L’œuvre est protégée par le droit d’auteur et a fait l’objet d’un dépôt auprès de Copyright-France.
Crédit photos : LH K-rine
 

 

EPISODE 8
 
Monsieur le professeur était dans la bibliothèque. L’heure n’était pourtant pas à la lecture et encore moins à la recherche d’un quelconque document.
Cependant, il était là, perché sur l’escabeau après l’avoir monté, descendu, remonté, redescendu, tel un exercice de remise en forme à l’espalier.
Quelqu’un l’avait suivi. Une silhouette se tenait derrière un rideau épais, à l’affût d’une proie déjà choisie. Une ombre malfaisante qui jubilait, préparant son attaque avec la précision et la patience du prédateur. Il arborait un sourire, clé d’une porte renfermant un esprit dérangé, le mal absolu et dénué de raison.
Il observait cet homme qui terminait sa vie. Cette impression de pouvoir qu’il détenait était jouissive. Ce droit de vie ou de mort dont seules les déités avaient la primauté le faisait tressaillir et bouillir d’impatience. Il frissonnait de toutes ses cellules.
Mais il fallait attendre encore. Le moment n’était pas le bon. La future victime était trop loin, trop haut.
Il s’approcha néanmoins. Le rideau lourd, d’un vert profond, s’étirait sur tout le pan de mur. Il était une aide précieuse pour son camouflage. Un complice inattendu qui le mènerait aux pieds de sa convoitise. Il s’y glissa donc et avança, dans un silence que même la mort s’en serait félicité.
Il stoppa. L’homme avait trouvé son trésor, et, heureux de ce fait, redescendait de son échelle, non sans cacher sa joie.
« Enfin te voilà ! » s’exclama-t-il, joyeux comme un damoiseau à sa première culbute.
Il paraissait jeune, mais ne l’était pas. Sa corpulence assez fine réjouissait le guetteur qui n’allait éprouver aucune difficulté à faire ce pour quoi il était là.
L’ombre néfaste tenait son arme serrée, dans une main pressée d’agir. Son souffle pernicieux devint plus court. L’excitation devint plus grande.
Le professeur fit courir l’échelle le long de sa glissière, la ramenant à son point de départ. L’homme était soigneux et délicat. Il prit le livre et se dirigea vers un bureau dans un coin de la pièce, afin d’y signer l’enregistrement de son emprunt. Il inséra sa carte dans le boîtier électronique dédié à cet effet et, tout fier de sa trouvaille, ouvrit l’ouvrage pour y jeter un œil, toujours debout devant le bureau.
Le sinistre individu sortit de sa cachette, lentement. Pas à pas, sans un bruit, il s’approcha, s’approcha doucement et se posta juste derrière sa future victime. Il se tenait à présent à bout portant, à bout touchant, se délectant du moment. Il ne put contenir son excitation qui atteignit son paroxysme. Elle était devenue ivresse.
Concentré sur sa lecture, le professeur n’avait aucune idée de ce qui allait s’abattre sur lui.
Le bras meurtrier se leva comme une sentence. Le coupable serra encore plus son arme pesante et asséna un premier coup sur la nuque de l’innocent.
Ce dernier tomba sur le parquet ciré, mais n’était qu’assommé. L’individu s’acharna alors sur la tête bien remplie de connaissances. Il frappa, frappa jusqu’à la vider de sa matière. Le crâne éclata littéralement, formant une masse informe, savant mélange de cervelle et d’os.
Sa pulsion soulagée, l’esprit rageur se redressa et recula légèrement, admirant son œuvre comme le ferait un sculpteur de renom.
Et comme tout artiste, il nettoya l’endroit de sa création. Il débarrassa la scène de tout ce qui pourrait le trahir, frotta son arme pour lui ôter toute empreinte et la posa bien en vue près du corps, en guise de signature.
Vérifiant une dernière fois que le hasard n’allait pas lui causer d’ennuis, il scruta la pièce entière.
Devant l’entrée, il se retourna pour un ultime coup d’œil.
« Rien. Ils ne trouveront rien », pensa-t-il.
Son sourire s’accrocha à nouveau entre ses oreilles. Il était satisfait.
Il ouvrit la porte, s’assura si personne n’approchait et sortit en la refermant sur l’ineffable horreur.
 
 
Marie-P. Nadal  Emoji
07 83 25 84 27
Perpignan
Feuilleton " ROUGE OCEAN "  Marie-Pierre Nadal
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