" Chroniques du Sud-Ouest - Histoires campagnardes d'antan " Bernard Cazeaux...

Publié le par Evy

" Chroniques du Sud-Ouest - Histoires campagnardes d'antan "  Bernard Cazeaux...

 

" Chroniques du Sud-Ouest - Histoires campagnardes d'antan "

Ce recueil d'histoires campagnardes, rudes, tendres et drôles, évoque des épisodes réellement vécus dans différents villages du Sud-Ouest. On y retrouve des personnages pittoresques, hauts en couleur, des tyrans domestiques, des enfants dégourdis, des arriérés et de joyeux lurons, témoins d'une époque révolue. ..

 

Introduction du livre

O tempora, o mores !

« Ô temps, ô mœurs », disait Cicéron. 

Autrement dit : « Quelle époque ! »

 

Au travers de ces courtes histoires, je parle de temps désormais révolus. J’ai tenté de rapporter la manière de parler de certains acteurs, tout en n’utilisant pas le patois, que je ne parle pas, qui était pour beaucoup à l’époque la langue de tous les jours.

 Je me dois également de prévenir que des éléments peuvent aujourd’hui choquer les âmes sensibles de notre société moderne coupée de ses racines ancestrales. Mais il fut un temps, pas si lointain, où la vie quotidienne dans nos campagnes réservait des moments de joie et d’allégresse propres à révulser certains de nos concitoyens citadins contemporains. 

Je pense en particulier aux moments où l’on festoyait entre voisins après avoir abattu les bêtes que l’on consommerait plus tard sur la ferme. Un temps de convivialité où le passage obligatoire par un abattoir n’était pas imposé. Ou encore, quand on « faisait la gnole », ce privilège de bouilleur de cru qui se transmettait,  désormais perdu à la mort du dernier détenteur.

Ces concitoyens contemporains qui parfois se hasardent dans une campagne idéalisée qu’ils ne peuvent imaginer que bucolique, et dont bien souvent ils veulent dicter les règles afin de contraindre la réalité jusqu’à son adéquation avec leurs fantasmes ou leur idéologie. 

Ainsi, un beau matin, après avoir acquis à prix d’or une bâtisse « de caractère » ou détourné une ancienne ferme de sa fonction première, ils débarquent en pays conquis, forts de leurs certitudes et de leur bon droit de propriétaire. 

Horrifiés, ils découvrent alors que les clarines des vaches tintent sans interruption tandis qu’elles paissent avec lenteur et enfournent de l’herbe à grosses bouchées dans les pâtures estivales. Puis, couchées dans l’herbe grasse, elles ruminent en posant un regard pénétré sur leur environnement, à la manière d’un philosophe en pleine méditation, tout en pétant à qui mieux mieux pour trouer la couche d’ozone. À ce tintamarre insupportable, tellement différent des bruits de la ville, vient se joindre parfois le tintement des cloches des églises qui rythment la vie des villages en égrenant les heures. 

Pire encore, dès potron-minet, les gallinacés mâles, que l’on nomme coqs, entonnent fièrement leur champ tonitruant pour annoncer l’arrivée de l’aube. Certains outrecuidants, peu fiables, déboussolés ou impatients, chantent alors qu’il fait encore nuit noire.

À l’heure de la traite matinale, les vaches laitières meuglent tandis que d’autres appellent leur veau. Les brebis et les chèvres bêlent pour sortir au pré et manifestent leur joie en quittant les bergeries, certaines portant aussi des clochettes.

Il faudrait expliquer à ces citadins que les cloches et clochettes ont une fonction autre que celle de les ennuyer. Dans les pâtures et les estives, elles servent au berger à repérer le troupeau. Mais aussi, lorsque elles se mettent à tinter violemment, elles signalent un affolement du troupeau à cause de la présence d’un danger, le plus souvent un prédateur, et éveillent les chiens de garde comme les Patous qui se précipitent pour protéger le troupeau.

Il arrive aussi que des chevaux hennissent, que des ânes braient ; sans parler des inévitables et omniprésents chiens de fermes et autres canidés de chasse qui aboient de manière intempestive pour un oui pour un non. Mais ce n’est pas tout. 

Aussi matinaux que les coqs, les oiseaux pépient et gazouillent bruyamment dans les bosquets, taillis et haies au mépris du repos bien mérité des citadins transplantés. Les merles insolents babillent et flûtent à tout-va. Les geais cacardent, les corbeaux croassent, les pies jacassent. La nuit les chouettes hululent, les crapauds coassent, les grillons stridulent, tout comme les cigales en plein jour qui se chauffent au soleil du midi sur l’écorce des pins, inconscientes de troubler la sieste du citadin fatigué.

Dans les basses-cours les dindons glougloutent, les canards cancanent, les poules caquettent, les oies cagnardent et les pintades cacabent au mépris de toute bienséance envers leurs augustes voisins humains en quête de grasse matinée. 

Bref, c’est insupportable pour celui qui n’est habitué qu’au vrombissement des moteurs à explosion, au fracas des métros et des trains, aux avertisseurs sonores des véhicules, aux sirènes d’alarmes, au ramassage des poubelles, etc. Et ce qui est pitoyable, c’est que tout ce beau monde exotique ne respecte pas la trêve du week-end, pas plus que l’élémentaire et minimal repos dominical.

Cependant, l’étonnement du citadin ne se limite pas à la faune animale locale. Le « paysan », espèce en voie de disparition, y met du sien avec une mauvaise volonté évidente. Pas plus que les animaux il ne respecte le week-end et des horaires décents. Allez savoir pourquoi il s’ingénie à travailler le samedi, le dimanche et même pendant les jours fériés ? S’il va jusqu’à ne pas prendre de congés, comme tout le monde, c’est à se demander si ce n’est pas prémédité, rien que pour enquiquiner ses voisins. 

Sans parler des nuits où il pousse le vice jusqu’à arroser et faire du bruit avec les jets. Quand ce ne sont pas les tracteurs et engins agricoles qui rugissent sous les étoiles tandis qu’il moissonne, qu’il coupe et presse du fourrage, qu’il traite les cultures. Mais pourquoi, bon sang, le paysan ne respecte-t-il pas des horaires normaux et les 35 heures ? 

Je hasarde ici une réponse qui n’engage que moi bien sûr : « peut-être parce que son métier est contraint par les caprices de la nature ? » Lui aussi je pense, préfèrerait se reposer dans son lit plutôt que moissonner encore à 2 heures du matin, alors qu’il lui faudra être debout dès l’aube pour s’occuper des animaux. 

Mais ces péquenauds obtus, ces culs-terreux, s’obstinent à perturber la tranquillité de leurs voisins fraîchement installés, venus pour se reposer à la campagne… faite pour ça comme chacun  sait. 

Les nuisances sonores ne sont hélas pas les seules à provoquer le courroux de ces nouveaux propriétaires. Il y a les nuisances olfactives. Oui, la campagne est aussi faite d’odeurs. L’odeur des fleurs, des fruits, des champs, des arbres, des herbes aromatiques, mais aussi des animaux et de leurs déjections, une odeur de merde quoi ! 

Personne n’ayant encore trouvé le moyen de faire aller les animaux aux toilettes et à tirer la chasse d’eau en sortant, ces derniers défèquent abondamment où bon leur semble. Dans les prés, bouses et crottins parsèment les prairies pour le plus grand bonheur des sangliers qui « vermillent » la nuit. Mais aussi sur les chemins qui mènent aux pâtures, obligeant le néo-rural à jouer à la marelle pour ne point ruiner ses belles chaussures de promenade dans quelque bouse bien fraîche au fumet odorant.

Dans les fermes, tas de fumier et fosses à lisier recueillent les déjections animales, avant que celles-ci ne soient épandues sur les champs pour les fertiliser, au grand dam des narines délicates des nouveaux habitants. Les mêmes qui, pas à un paradoxe près, militent pour une agriculture bio exempte d’engrais industriels.

L’installation de ces olibrius s’est accrue durant les dernières décennies, provoquant une flambée des prix de l’immobilier qui n’est pas sans générer des problèmes aux autochtones. On a vu ainsi s’installer des bataillons d’étrangers en provenance de l’Europe : Britanniques, Allemands, Néerlandais, Suisses… Certains pour vivre à demeure, tandis que d’autres occupent les maisons par intermittence.

Bien entendu, tous ne sont pas de cet acabit. Beaucoup, largement majoritaires, s’adaptent avec bonheur aux us et coutumes locaux, se fondant, ravis, dans le paysage et les communautés. Il ne faut pas voir dans mon propos une forme de xénophobie, car les cas pathologiques se rencontrent aussi chez de nombreux néo-ruraux nationaux qui fuient les villes pour s’installer et s’imposer dans nos campagnes.

Hélas, aujourd’hui les problèmes augmentent au gré d’une migration croissante en quête d’une ruralité rêvée, telle qu’elle n’a jamais existé. Alors les procédures, les mises en demeure et autres requêtes pleuvent pour faire cesser ces nuisances insupportables aux citadins. Les procès contre des agriculteurs, des cloches, des coqs, que sais-je encore, encombrent les tribunaux. Une espèce de retour au moyen âge où se tenaient des procès contre les animaux.

Que ces procéduriers se rassurent. Lorsqu’ils auront obtenu gain de cause et qu’en plus tout le monde sera obligé d’être végétarien, les animaux disparaîtront et leurs « nuisances » avec. Tout comme les paysans d’ailleurs. 

Cependant, les récits que je vais développer dans cet ouvrage sont bien antérieurs à cette époque de mutation moderne. C’était un temps où les paysans, bien plus nombreux qu’aujourd’hui, côtoyaient plutôt les touristes de passage et les vacanciers de l’été. Un temps où chacun d’eux, dans son registre et fort de ses certitudes, prenait l’autre pour un « couillon ».

Il va sans dire que lorsqu’on restitue une histoire croustillante, celle-ci n’est pas représentative de la norme et s’apparente plus à une caricature qu’à une analyse sociologique. 

Mais qu’est-ce qui nous fait sourire depuis la nuit des temps, sinon la caricature ?

 

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Q
superbe texte ! eh oui c'était comme ça que ça se passait ....
Répondre
E
De belle histoires à offrir bonne soirée