Paix (écrit pour le centenaire 1918-2018) De L'Auteur Bernard Cazaux...
Paix
(écrit pour le centenaire 1918-2018)
Ils regardent, sans voix, une blanche colombe
Perchée sur une croix plantée sur une tombe ;
Sinistre souvenir sur la verte prairie
Du tribut que la mort fit payer à la vie.
Des centaines de croix qui entrouvrent leurs bras
Hurlent « ne tirez pas, pitié, plus jamais ça ! »
Mais qui donc les entend dans le profond silence
Du linceul des corps morts qu’est cette plaine immense ?
Du beau gazon bien vert, des croix blanches plantées,
Ils ne retiennent hélas que la triste beauté,
Oubliant que la mort, à l’ombre des drapeaux,
A moissonné ces corps de sa sinistre faux.
Avant d’être inhumés, bien rangés sous la terre,
Ces hommes ont enduré les plus viles misères
Quand, compagnons des rats au fond de leurs tranchées,
Ils tremblaient au fracas des obus qui hachaient.
Aucun ne reviendra du terrible trépas
Pour dire aux hommes en vie, « ne suivez pas nos pas ! »
Alors tout recommence, et la même furie
Pousse le genre humain vers les pires tueries.
D’un coup d’aile d’espoir, émue par tant de dol,
Symbole de la paix, l’oiseau reprend son vol.
Planant sur fond d’azur en portant son rameau,
Fait au ciel une croix, blanche comme au tombeau.
Bernard Cazeaux