Extrait du livre deL 'Auteur Bernard Cazeaux " Le montreur d’ours et les Demoiselles "...
Une idée cadeau pour les fêtes ou pour le plaisir dédicacé..
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Le montreur d’ours et les « Demoiselles »
Ariège 1828 - 1831
Rose était allongée au bord du ruisseau, couchée dans la pente, la tête vers le bas. Ses longs cheveux échappés de sa coiffe ondulaient dans le courant léger, mêlés aux algues accrochées aux rochers que le flot continu tentait en vain d’entraîner. Sa grand-mère lui avait raconté que parfois, pour celles qui étaient choisies et qui savaient écouter bien sûr, l’eau transportait la parole des fées. Alors dès qu’elle le pouvait, Rose venait et rêvait en écoutant le ruisseau à l’ombre des aulnes, des saules et des sureaux. Mais aujourd’hui, au murmure incessant de l’eau se mêlait le bourdonnement des mouches qui surgissent toujours de nulle part.
Le jeune homme qui la vit n’eut pas le temps d’appeler. Il se retourna et vomit, appuyé à un arbre. Ce ne fut que lorsqu’il n’eut plus rien à rejeter qu’il s’époumona pour rameuter les autres. Il n’osa pas la regarder à nouveau et attendit que les plus anciens l’aient rejoint. Il aurait dû s’interposer pour que son père ne la voie pas ainsi, mais il était trop choqué pour réfléchir. Le pauvre homme poussa un hurlement en découvrant le corps de sa fille de 12 ans ; du moins ce qu’il en restait. Les autres parvinrent à le faire reculer en le soutenant. Un autre homme vomit à son tour. Le lieutenant de louvèterie Martin se pencha sur le corps en protégeant son nez de sa manche. Mais c’était plus pour camoufler son dégoût car le corps ne sentait pas encore trop fort. Puis il jeta un regard circulaire pour repérer des traces.
« C’est encore lui n’est-ce pas ? demanda le maire.
— Sans aucun doute.
— Il faut le trouver Martin … et le tuer.
— Plus facile à dire qu’à faire.
— C’est sa première victime chez nous, mais il en a déjà tué cinq dans la région d’après ce qu’on dit.
— Et aucun village ne l’a encore tué, ni même vu. »
Alertés par le hurlement du père, les nombreux hommes venus pour participer aux recherches de la petite disparue s’étaient peu à peu rassemblés à proximité.
« Il faut la ramener chez elle », dit le maire en se tournant vers les plus proches, espérant trouver des volontaires pour rapporter les restes de l’enfant.
Un ancien tueur des abattoirs de Saint-Girons se chargea de la besogne. Il était le plus habitué au sang et aux corps découpés, même s’il s’agissait de bétail. Il rassembla les morceaux de corps qui restaient dans une cape et les emporta. Atterrés, car conscients que la prochaine victime pourrait être leur fille, les hommes retournèrent silencieusement au village ; un silence troublé par les pleurs et hoquets du père de la petite Rose.
Arsignac était un village de montagne situé à la jonction des forêts de Bordes, de Bonac et de Bethmale. Une réunion de crise s’improvisa à l’auberge. Ceux qui ne purent entrer dans la petite salle se massèrent devant, dans la rue. Le silence consterné du retour fit place à un brouhaha provoqué par l’inquiétude, la peur et la colère. Le maire essaya de calmer les esprits et obtint un semblant de calme pour s’exprimer.
« Dès demain les gendarmes seront là.
— Et qu’est-ce qu’ils vont faire les gendarmes ? hurla une femme.
— Ils faut qu’ils procèdent aux constatations. Ensuite je verrai avec eux comment agir, et si on peut obtenir des renforts.
— Et toi Martin, tu ne peux rien faire ?
— Il ne sert à rien de partir en désordre. Je pense qu’il faut que toutes les communes s’organisent. Je vais demander aux autres lieutenants de louvèterie de la région de mener une action commune. Si nous restons chacun dans notre coin nous n’y arriverons pas.
— Il faut mettre des pièges, cria un homme.
— Il faut tous s’armer et mener la chasse, brailla un autre.
— S’il vous plait, s’il vous plait, dit le maire en levant les mains pour essayer de s’imposer. Martin et moi vous promettons de tout faire pour le retrouver et le tuer, reprit Jacques Soum. Mais Martin a raison, il faut nous organiser, sinon nous perdrons notre temps et il tuera à nouveau. En attendant, nous ne devons plus laisser nos enfants seuls pour garder les troupeaux. Et aucune personne ne doit s’aventurer seule loin des maisons. Si vous devez aller aux pâtures ou dans les bois, allez-y à plusieurs et armés. »
Bien qu’alarmantes, ces attaques de jeunes filles, étalées sur plusieurs mois et réparties sur plusieurs communes, n’avaient pas jusque-là suscité beaucoup d’intérêt de la part des autorités. D’autres préoccupations occupaient les esprits. Jacques Soum et Martin décidèrent d’aller se plaindre aux responsables départementaux pour obtenir de l’aide.
Ils ne s’attendaient pas à tel accueil.
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