Les corbeaux texte de l'écrivain Bernard Cazeaux ...
Les corbeaux
Du haut des tours perchées sur un piton rocheux,
S’élancent les corbeaux, les choucas et les freux.
Symboles de la mort qui plane sur nos vies,
Ils tournent dans le ciel en poussant de longs cris.
Ils se mêlent à ceux, hurlés au nom d’un dieu
Par des esprits obscurs qui se prétendent pieux.
Habillés en corbeaux, la mort en bandoulière,
Ils massacrent et ils tuent, récitant des prières.
Quant à ceux qui disaient aux Cassandre et leurs songes,
« Douter des religions, c’est proférer mensonge, »
Ils reposent en paix avec leurs certitudes,
Les yeux enfin fermés sur leur béatitude.
C’est là, de ces tueurs, la seule chose utile :
Avoir éradiqué tous les idiots utiles.
Hélas il est trop tard, car nul ne reviendra
Faire amende honorable ou son mea culpa.
Les corps ensanglantés des dernières colombes
Gisent éparpillés sur des amas de tombes.
Seuls volent les corbeaux, les choucas et les freux,
Portant de leurs becs noirs la parole d’un dieu.
La parole d’un dieu qui rejette la science,
N’aimant qu’adorateur confit dans sa croyance ;
Qui maudit l’apostat, fustige l’ignorant,
Ce suppôt de Satan qui n’est pas un croyant.
Et quand tous ces pervers, de religion épris,
Se prennent pour des saints promis au Paradis,
Je leur dis simplement, dans une homophonie,
Qu’ils sont « saints » que de nom, sûrement pas d’esprit.
Bernard Cazeaux